Démarche artistique

L’état auquel j’appartiens s’appelle poésie. Mon travail habite les interstices, là où une révélation est possible.

 

Les espaces subtils où l’inconscient opère avant que la pensée rationnelle ne s’en empare me fascinent. C’est dans cet entre-monde, où l’on sait sans savoir, que ma pratique artistique s’ancre. À partir de ce lieu, je cherche à révéler des territoires intimes tus et à ouvrir un dialogue entre le visible et l’invisible.

 

À chaque création, je me déconnecte du réel tel que nous l’entendons, pour exprimer une part plus sincère de mon être. Pour cela, je déconstruis des phrases, des objets, des images. De ces déconstructions jaillissent des poèmes, des œuvres visuelles.

 

Ma poésie appartient à une langue où l’entre-mot a autant d’importance que les mots eux-mêmes. Pour moi, cet espace non-écrit permet à mon inconscient de dire ce que je retiens encore. Par ricochet, j’espère qu’il permettra au lecteur de ressentir, à son tour, ce qu’il se cache à lui-même. Dans mon travail visuel, l’entre-deux se situe à la jonction des genres, un espace où j’envisage de nouvelles formes de l’humain. Hors normes. Surréelles. Des visages sont effacés, des têtes arrachées, des corps découpés. La radicalité de cet acte me permet d’en finir avec la représentation générique de l’humain. J’explore ainsi une certaine hybridité de l’être, ou humains, animaux et végétaux se confondent. Une autre histoire peut se construire.

 

J’utilise l’expérience hors livres pour faire vivre ma poésie. J’expérimente ainsi de nouvelles formes d’édition et développe une relation différente avec le public. Avec mes derniers projets poético-numériques, ma pratique est de plus en plus racinée dans le rapport à l’autre, dans son implication. Jouer avec le rôle du récepteur m’intéresse beaucoup. Je cherche toujours des moyens pour que le public soit à la fois récepteur et acteur dans une œuvre. Lui octroyer une place de choix crée une relation plus intime entre lui et l’œuvre, et par le fait même me demande de penser la place de l’autre en amont de mon processus de création et donc de l’intégrer à mon travail préparatoire.

 

Qu’importe, le médium, mes œuvres s’enracinent dans la part la plus fragile de mon être. J’ai espoir qu’à leur contact, un effet miroir s’opère. Qu’une résonance sensible avec autrui se tisse.