Écrivaine, je me promène entre littérature, poésie et art actuel. Mes mots sont images. Mes images sont mots. Je les utilise comme liant entre les êtres humains. Si je veux être honnête, c’est la possibilité de me libérer de la noirceur intérieure, de révéler et de me révéler les parties de moi oubliées qui guide mes créations. Mon but est de faire des ponts entre passé et présent et de relier chacun à sa beauté sauvage. À chaque fois, j’espère que mes mots ou mes images connectent l’inconscient de l’autre pour qu’à son tour, quelque chose s’agite en lui.
Je crée des espaces protégés. Pour réussir, j’ai besoin de circonscrire une époque, de placer une atmosphère. Ensuite, j’entrechoque des mots ou des images qui n’ont, à priori, aucun lien ensemble. De ce choc improbable naît une version hybride du monde. Mon interprétation poétique.
Le livre, le portrait hybride ou l’installation en cours de création représente pour moi un lieu intime qui me demande un engagement total et sans compromis. Chacun possède son importance. Chacun évoque un cocon. Une maison. Un abri. Pour moi. Mes personnages. Le public. Je vis la découverte de ce nouvel espace si profondément que chaque fois, en plus de le porter, j’ai la sensation de l’habiter pleinement.
Mon travail s’articule en lieux gigognes. Le premier — celui de la création — contient le second — mon carnet, l’ordinateur —, qui à son tour renferme le dernier — mes œuvres. Cette structure d’emboitement permet une progression sécurisée et soigneusement préparée à travers les différentes étapes du processus créatif. En interconnectant chaque étape, je développe mes idées de manière organique et cohérente.
Dans mes albums jeunesse, le lieu présente une fonction initiatique pour les personnages, les guidant à la découverte d’eux-mêmes tout au long de l’histoire. Le lieu sert ici d’espace de transformation personnelle, où le jeune lecteur peut se projeter et évoluer aux côtés des personnages. Quand je conçois des photomontages numériques, les portraits hybrides qui en découlent sont des espaces à part entière. Des lieux qui invitent à explorer ma propre intériorité, mon lieu-être. Dans mes œuvres participatives, il s’apparente plus à un espace intime où le public est appelé à y prendre part physiquement. Ainsi, par sa présence et en marchant l’installation, le spectateur passe du simple rôle d’observateur à celui d’acteur dans l’œuvre. Sans cet engagement du corps, l’installation apparaît incomplète. En enracinant mes projets dans l’émotion et l’expérimentation, je vise à façonner des œuvres riches de sens et d’authenticité.
Chaque fois, j’aspire à donner aux lecteurs et au public une expérience immersive et personnelle à vivre. En aménageant ces lieux avec soin et intention, je cherche à établir des connexions profondes et significatives entre l’artiste, l’œuvre et le public. Je souhaite créer des espaces où les mots et les images se rencontrent, où l’intime et le collectif se rejoignent.